top of page

Ce que vous voyez du Monde est seulement ce qu’il veut vous montrer. 

 

Rien n’existe pour vous, à part votre petite vie tranquille, votre travail, votre trajet, tous les matins, le même, à la minute près. C’est peut-être le trajet le plus court, ou le plus rapide. Mais vous ne voyez plus rien autour de vous. Les arbres, les gens, les choses. Vous ne faites plus attention. Peut-être d’ailleurs n’avez-vous jamais rien vu.

 

Vous n’aviez jamais vu, cette petite fille aux yeux violets, qui jouent parfois dans le parc prêt de la crêperie où vous allez parfois déjeuner avec les collègues. Vous n’avez jamais vu cette petite fille, qui fait voler ses ballons au lieu de les lancer.

 

Vous aviez vu, cet homme, qui s’amuse à contrôler le vent ? Non, bien sûr. Car vous ne voulez pas le voir. Car il sort de votre conception de l’ordinaire. Du concret. Il sort de votre petit monde. Il n’appartient pas à votre monde. Mais alors, à quel monde appartient-il ?

 

Vous aviez vu, cet homme, ce brun, qui ressemble à tout le monde ? Oui, lui, vous l’aviez vu. Vous l’avez peut-être croisé, voir peut-être même, vous lui avez parlé, pour lui demander l’heure, ou parce que vous vous ennuyiez dans la queue de la pharmacie. Car cet homme entre dans votre conception, dans votre petit monde. Il a l’air si normal. L’est-il vraiment ?

Est-on normal, lorsque l’on monte sur les toits des immeubles, la nuit, et que l’on fait apparaître entre ses paumes, des éclairs d’électricité ?

 

Quelqu’un l’a vu. Quelqu’un le sait. Quelqu’un l’a recruté. Quelqu’un sait ce qu’il est.

 

Un mutant.

 

Ce quelqu’un l’utilise. Le fourvoie, l’use. Pour le sale boulot. L’use. Pour tuer. L’utilise et le forme, comme une arme. Une arme, voilà ce qu’il est devenu. C’est un mutant. D’autres aussi, sont des mutants. D’autres aussi sont aux mains de l’Organisation. Mais ils n’ont pas la chance d’être traité comme lui. Ils ne sont pas des tueurs. Ils sont des sujets, numérotés, fichés, casés, enfermés. Des sujets, sur lesquels ont fait des expériences. Des sujets qu’on torture, qu’on étudie, qu’on dissèque comme des animaux. Car ils n’entrent pas dans le petit monde d’un homme. Un homme. Celui à la tête de l’Organisation.

 

Un jour, ce petit brun que l’on connaît maintenant, est tombé amoureux. D’une autre tueuse. Une tueuse, comme lui. Sauf que cette tueuse était humaine. Une tueuse à gage de l’Organisation. Et cette tueuse a fait naitre quelque chose dans l’esprit de ce brun, de cet homme. Une toute petite chose, de rien du tout, une toute petite pensée.

 

Un doute.

 

Et ce doute a grandi. Pour devenir une certitude. Ce qu’il faisait. C’était le Mal. Il devait arrêter. De tuer. Il ne voulait plus tuer. Et que fait-on d’un tueur qui ne veut plus tuer ?

 

Que fait-on des objets qui ne fonctionne plus pour l’usage si précieux qu’on leur avait donné ?

 

On les jette. Mais avant, on essaie de les réparer.

 

L’Organisation a essayé de réparer cet homme, ce mutant, ce tueur. Cette arme défectueuse.

 

Il a supprimé la panne. L’élément perturbateur. Ils ont tué la femme qui avait mit ce doute dans la tête de cet homme.

 

Mais ils n’ont pas réussi à réparer le tueur. Au contraire. Ils lui ont donné les armes pour les combattre.

 

Et ainsi commença la Résistance. 

bottom of page